< retour

roland schär

oeuvres curriculum vitae vues d'expositions bibliographie amis

contact

 

"reisesyndrom by - " palais besenval centre d'art, soleure (ch) (août/septembre 1998)

espaces d'absences, espaces de présences : traces

 

    Jean VIALA, "Traces", in: Centre d'art contemporain Palais Besenval, Soleure (CH)

    Depuis sa série de Vanités (peintures d'accumulation d'objets, 1994/95), le travail de Roland Schär se développe autour d'une réflexion sur la peinture. Son exploration des " espaces intermédiaires ", qui s'est concrétisée dans ses expériences de création et de classement d'objets métis (Anatomies, 1996; Table d'hypothèses, 1997; Tables de désorientation, d'introspection et de migrations, 1997/98) ou dans ses Incisions (1996, dessins in situ de mise à nu d'une profondeur imaginaire du mur), s'est poursuivie dans des recherches sur la présence de la matière (avec des oeuvres murales in situ comme les Particules, 1997/98, ou les tondos de grand format de la série des Intervalles, 1997/98).

    Parallèlement, son work in progress Forage: creusons l'avenir questionne le rapport de la peinture au temps (quel est le temps de la peinture? comment s'inscrit-elle dans le temps? qu'est-ce qu'une peinture du temps?).

    Le travail que Roland Schär montre à Soleure s'élabore à partir de peintures - Le petit déjeuner, de Boucher; L'autoportrait à l'oreille coupée, de Van Gogh; L'Olympia, de Manet; ou Le portrait de la Duchesse d'Albe, de Goya, par exemple - dont il isole certains éléments structuraux qui s'imposent alors avec une existence autonome en dehors du système de représentation.

    Le sujet se brouille, et le retrait des figures laisse apparaître des plages rassemblant des éléments disparates de l'oeuvre, à l'intérieur même d'un personnage, ou entre ce dernier et des parties de son environnement.

    Le regard de Roland Schär sur l'oeuvre source en élimine la dimension discursive au profit d'éléments inattendus de composition, sans pour autant s'attacher à son analyse critique. Les territoires qu'il y dessine se forment par analogie, perméabilité, ou contamination plutôt que selon une logique explicative. Les champs picturaux ainsi produits se présentent sous forme de vacuoles délimitées à partir des personnages dont il forment alors en quelque sorte une signature plastique.

    Détachées et reportées par une technique de pochoir sur des plaques de plexiglas, les formes dessinées - halos qui irradient l'opacité de la matière - apparaissent comme les traces de ces personnages dans la matière picturale.

    Monochromes, ces empreintes quasi radiographiques renvoient, avec une acuité d'ordre médiumnique, à des présences insoupçonnées sous-jacentes aux oeuvres sources, concrétisant cet espace intermédiaire qui relie le sujet de la peinture (la figure) à son objet même (" un assemblage de couleurs sur une surface plane ").

    Jean Viala, Août 98

    < back